"Progress" pour le delta?

Rappel du premier message :

De nombreux nouveaux instructeurs et pilotes de biplace parapente sont formés chaque année en Suisse. Ils débarquent dans un marché saturé et la part du (lucratif) gâteau des professionnels installés se rétrécit. Sous pression de ses anciens membres, et sous couvert d'arguments sécuritaires , la fédération a donc décidé de rallonger les cursus de formation, de durcir les conditions d'octroi des brevets (biplace et instructeurs) et d'en limiter la durée de validité avec un renouvellement conditionnel ; c'est le projet « Progress » (!).


Ces combines parapento-parapentesques nous laisseraient bien indifférents… mais, ne supportant pas la différence de règlement ainsi créée avec le delta (ça fait désordre), la fédé a décidé de transposer ces nouvelles règles à notre sport. Non seulement la justification sécuritaire y est tout aussi fallacieuse, mais la motivation protectionniste sous-jacente ne peut être invoquée : dans le delta il n'y a ni trop d'école, ni trop de biplaceurs, et de toute façon il n'y a pas de pognon à se faire !


D’entrée j’avais fait part de mon opposition : le domaine du delta est très fragile, il repose principalement sur le semi-bénévolat, voire le bénévolat complet, on ne peut pas y appliquer des règles conçues pour le parapente où des structures soumises au pouvoir de l’argent se livrent une concurrence féroce, on va pénaliser les rares acteurs encore actifs, décourager la relève et encourager les tricheurs.


Un groupe de travail a été formé pour étudier les modalités du transfert de « Progress » au delta ; après quelques péripéties j’ai réussi à m’y faire admettre, mais il n’a pas encore été convoqué. Dans ce cadre je serai heureux de recueillir vos remarques, votre soutien, ou pourquoi pas votre désapprobation – merci !


Laurent Zahn

Chose promise, chose due : nous allons à présent aborder la question délicate de ma deuxième catégorie de titulaires de licence instructeur : les experts.

Avec "Progress" la grande majorité d’entre eux devrait voir leur licence biplace pro et instructeur suspendue, car ils n’auront pas le nombre de vols et de journées de cours requis. A moins qu'il ne soit prévu qu'ils bénéficient d'un arrangement spécifique (et scandaleux)? Ceci pose déjà un problème sachant qu'un examen biplace doit être validé par des experts détenant ce brevet...

Ce qui est encore à relever, c’est que ces experts ne semblent en rien concernés (si je me trompe, j’espère qu’un expert voudra bien rectifier...) par les grandes manœuvres de contrôle continu et d’amélioration de la sécurité dans l'instruction, alors qu’ils en représentent quand même un maillon essentiel : ils organisent les examens, distribuent les brevets, et par la même assurent un certain contrôle de la formation.

Si les experts gardent généralement un certain contact avec le monde du parapente, il en va tout autrement avec le delta ; dans le meilleur des cas, la majorité d’entre eux n’auront effectué qu’un petit vol en air calme avec une aile école durant ces dernières années ... heureusement que leur licence d'expert reste elle valable à vie, même sans pratique ni fréquentation du milieu!

Un autre problème réside dans l’organisation des examens. En raison des différences, principalement en terme d’effectifs, mais aussi de conditions particulières pour ces deux engins volants, la fédération peine à organiser régulièrement et correctement les examens pour les deltistes. On assiste à de nombreux couacs : un candidat qui s’est déplacé jusqu’à Interlaken s’est fait renvoyer à la maison, l’expert n’étant pas au courant que 30 grands vols suffisent en delta pour se présenter (il en faut 50 en para) ; un autre a vu son examen biplace annulé la veille alors qu’il avait pris congé, et fais prendre congé à son passager et à son chauffeur, car un des expert prévu n’avait pas le brevet biplace nécessaire, etc.
 
Une solution logique : donner le titre d’expert aux instructeurs delta, éventuellement après quelques années probatoires, afin qu’il puissent organiser eux-mêmes les examens. Cela soulagerait les experts parapente pour qui l’organisation de ces examens delta n’est souvent qu’une source de soucis et de mécontentements, et permettrait de confier cette responsabilité importante à des professionnels compétents, connaissant les candidats et l’évolution de la pratique. Ceci n’a rien d’exotique, c’est d’ailleurs la pratique courante en France pour le vol libre et l’ULM.

Laurent